dimanche 8 mars 2009

Deathproof


Malgré mon jeune âge, je me suis joué de la mort à trois reprises. Systématiquement à mon insu, vous vous imaginez bien.
  • La première fois, je n'avais pas encore conscience d'être, mais de nombreuses personnes m'en ont parlé.
Mes parents marchent avec des amis sur le bord d'une falaise, le long des côtes bretonnes qui me sont si chères. Je suis attaché au dos de mon père. J'ai un an. 
Soudain, mon père trébuche, je me détache, je tombe de la falaise. Mon père me rattrape par la taille. Je suis, paraît-il, mort de rire. 
  • La deuxième fois, la plus douloureuse.
J'ai un peu plus de deux ans. Je suis en petite section de maternelle et nous partons pour un voyage scolaire au Mans. C'est la première fois depuis le début de l'année que ma mère ne nous accompagne pas.
Il doit être 14h lorsque les instituteurs nous proposent de faire un tour de manège. Tous les enfants sont comblés (comment ne pas l'être). Mais au moment de monter dans le camion, je prends peur. Une fille de grande section qui me martyrise est assise juste à côté de moi. Je décide de sortir avant que le manège se mette en route.
Trop tard.
J'essaye de remonter dans la nacelle avant que l'accélération soit trop forte. Visiblement, personne n'a fait attention à moi.
Au moment de monter, mon pied se coince sous le manège, et je suis aspiré.
Les instituteurs s'aperçoivent enfin que quelque chose cloche. Il serait temps !
[Interlude] On pense souvent que les manèges sont circulaires. Mensonges ! Billevesées ! Affabulation d'un esprit malade ! Celui là était l'ensemble de deux hémicycles. Ce qui,  je peux vous l'assurer, change tout. En effet, aux extrémités de chaque demi-cercle se trouve une zone proéminente, particulièrement désagréable pour l'arrière du crâne (lorsque vous glissez à vive allure sous un manège, cela va sans dire).[/Interlude]
Le manège s'immobilise après 3 tours qui me paraissent une éternité. Je me souviens des voix paniquées, des regards d'incompréhension lorsque je passe sous mes petits camarades de classe, de ne pas avoir pleuré, et surtout, d'être sorti tout seul de sous le manège tandis qu'un abruti déclare : "ho, il peut sortir tout seul, c'est bon". Je m'évanouis.
Moralité, j'ai la tête en bouilli, une fracture ouverte de la clavicule, et avec un tour de plus, j'aurais probablement -entre autre- perdu l'usage de mes yeux.
  • La troisième et dernière fois, la plus surprenante.
Je sors de mon appartement pour aller en cours. Nous en sommes en mai de l'année dernière. Il fait particulièrement beau. J'ai sur les oreilles mon éternel casque, et c'est She's Electric de Oasis qui tourne, si je me souviens bien. Je suis en retard, mais qu'importe ! Je décide de passer par le Jardin des Plantes pour profiter de l'allée des roses dont les arômes enchantent mon coeur.
Lorsque je passe devant la Grande Galerie de l'Évolution, ils sont en train de changer l'affiche qui recouvre la façade. Mr. Blue Sky de The Electric Light Orchestra accompagne mes pas. Je passe derrière l'un de ces quelques camions, stationnés rue Geoffroy Saint-Hilaire, pour traverser. 
Alors que je marche, j'entends un cri, n'y prête pas attention, et sens une masse me frôler et s'écraser dans un bruit mat. Je me retourne. À moins de dix centimètres de moi, la nacelle d'un camion s'est détachées alors que la plate-forme a basculé, et l'ensemble est tombé de 3 mètres de haut. Des gens accourent vers moi. Je n'ai rien. Un homme s'excuse, il a l'air mortifié. Je ne comprends pas vraiment tout ce qui vient de se passer. Un cycliste s'arrête à ma hauteur, me prend le bras et me dit : "je ne sais pas ce que vous aviez prévu de faire aujourd'hui, mais je pense que vous devriez simplement profiter de la journée et réfléchir à votre vie à la place".
Je suis les paroles de ce sage. 
Dans le métro que je prends dans le sens contraire de ma fac, je suis tout à coup fébrile. Je viens de réaliser : Je suis en vie !

P.S. : Pour l'illustration, je me suis permis de l'emprunter à Nekoto, un graphiste et ami que vous pourrez découvrir sur ce site !

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