dimanche 5 avril 2009

Le cycle de Terra : L'Enfant du Rêve


Introduction : Fhèbe, La Cité Étages 

Les puissantes machineries de la Cité Étages s’agitaient dans un vrombissement assourdissant. D’impressionnants systèmes hydrauliques semblaient mettre en mouvement jusqu’aux entrailles de la capitale, tandis que les cristaux alignés en batteries scintillaient faiblement pour soudainement exploser en un éclat éblouissant lorsque s’abattait l’un après l’autres les colossaux pistons. Puis ils restaient au repos avant de scintiller à nouveau. Des éclairs parcouraient parfois l’ensemble de la structure. Ils traversaient en un instant de gigantesques colonnes métalliques, puis disparaissaient, à plusieurs centaines de mètres de leur origine, lorsqu’ils atteignaient la voûte supérieure. Un chemin serpentait au milieu de ces cliquetis répétés et de ces imposantes machines, éclairé seulement par quelques néons bleu dont les éclats se répercutaient sur les parois rigides et froides. 

Deux ombres se frayaient à présent un passage au sein de cette danse mécanique, en direction de la corniche extérieure. Cette dernière n’était guère alors qu’une ligne lumineuse et incertaine dans le lointain.

La première ombre, en tête, s’arrêta un instant pour regarder en arrière, considéra le chemin à parcourir, puis se retourna complètement.  Une fois que la seconde, plus petite, l’eut rejointe, sa voix se fit entendre. Il s’agissait d’une voix d’homme, chaude, douce, assurée, dans laquelle on pouvait toutefois déceler les signes d’un jeunesse impétueuse. Il s’accroupit pour se faire entendre malgré le bruit assourdissant qui les environnait.

« Aria, il faut nous dépêcher. Si nous voulons y être à temps, il va falloir que je te porte. Cela te convient-il ? »

Un trait lumineux jaillit à proximité et éclaira un bref moment les deux silhouettes. Du peu que l’on pu apercevoir, il était difficile de savoir si c’était le délicat visage encadré par une chevelure incandescente aux reflets dorés de la petite fille ou le regard intensément vert et profond du jeune homme dont les iris semblaient capter la luminosité ambiante qui attirait le plus l’attention.

L’enfant hocha la tête dans un signe d’acquiescement, et le jeune homme la pris alors sur son dos, se redressa puis se remit en route. Fort de son mètre quatre-vingt et de sa musculature harmonieuse et déliée, la charge semblait négligeable, et il accéléra, faisant fi du chemin tracé pour en emprunter un qui lui permettrait d’atteindre la corniche le plus rapidement possible. S'il se dépêchait, avant le lever du soleil.

Il parcouru la distance, entre ces câbles d’acier tendus, ces pylônes que sillonnaient des traits d’énergie, et ces rouages incroyables, en un temps relativement dérisoire. Il était soulagé : le soleil ne s’était pas encore levé. Haut dans le ciel brillaient encore quelques étoiles ; l’aube ne tarderait pas à embraser l’horizon. Il souffla un peu, puis remonta la pente douce qui les mènerait à leur destination. Sur les bas-côtés de la route en terre battue, la végétation luxuriante de la Corniche s’insinuait entre les pièces de métal, recouvrait certains édifices en pierre, se jetait en cascade sur le rebord de la cité en quelques endroits où se dressaient jadis de gigantesques vitre de verre. L’apparente tranquillité du quartier, avec ses petits vallonnements, ses habitations basses en pierre de taille, ses chemins sinueux et sa place de marché, tranchait singulièrement avec l’austérité industrielle de la centrale énergétique qu’ils venaient de traverser. De plus, il s’agissait du seul endroit, à plusieurs centaines de kilomètres, où l’on pouvait admirer le lever du soleil et sentir le vent sur son visage.

Arrivés sur une sorte de promontoire qui surplombait les environs, ils s’installèrent. Le spectacle pouvait commencer. Aria ouvrait grands les yeux pour ne pas en perdre une miette.

Il n’eurent pas à attendre cinq minutes, que déjà le ciel prenait des teintes d’un rose pourpre. Les dernières étoiles semblèrent s’éteindre, au firmament, à mesure que les rayons du soleil enveloppaient l’horizon. Le ciel devint bientôt un dégradé d’une infinie beauté, rougeoyant lorsqu’il s’unissait à la terre, doré à son zénith, le reste se déclinant en une multitude de tons d’une splendeur pétrifiante. Les nuages semblaient faire écho aux rayons qui s’y perdaient. Après avoir tenté de leur faire obstacle, les voilà qui s’embrasaient au contact de la lumière.

Bientôt, le ciel s’obscurcit, en prémisse du suprême moment. Une minute se passa, Aria en frémissait d’impatience.

Et c’est alors qu’émergea la boule iridescente, orange et vacillante dans la brume du matin, et dont les rayons portaient à présent un éclairage nouveau sur toute chose. Alors qu’elle n’est que demi disque, tout n’est que silouhette. Lorsqu’elle s’élève, l’immobile s’anime, implacablement, lentement.

La lumière embrassait les formes, allongeait les ombres, réchauffait les cœurs, colorait les âmes. L’astre du jour nimbait d’un halo orangé l’improbable décor qu’offrait la capitale. Les vitres de la ville étages reflétaient, comme autant de miroirs, la magnificence du moment.

Toute la cité s’enflammait en ces instants précis. Elle qui s’élevait plus haut que n’importe quelle montagne, fière de ses huit niveaux et de ces dimensions étatiques. Formidable structure d’acier, de pierre, assemblage hétéroclite, millénaire, en constante évolution. Les huit niveaux de la cité scintillaient d’un même éclat.

Là, sur la Corniche du 4ème niveau, se tenaient Aria, fillette de 8 ans, la peau claire, les cheveux blonds comme un incendie, les yeux bleus, le visage rond et doux, de ceux qui laissent présager une beauté en devenir, et Azur, 23 ans, brun, les cheveux en bataille, le visage fin, le regard incroyablement perçant.

Ils faisaient cela, tous les matins. La première fois avait été le fruit du hasard. C'était devenu une habitude. Il leur suffisait d'assister à cette scène pour ressentir un sentiment de plénitude. Azur, d'être auprès d'Aria, et Aria... Nul ne le savait vraiment. Parfois, l'aube était vert pomme, et se terminait sur une pointe de bleu marine. Parfois, elle était uniformément jaune. Parfois, elle était pâle, mauve, indigo, turquoise, ôcre, fauve... Et c'est la raison pour laquelle ils n'en rataient pas une.

Et Azur regardait Aria heureuse, et cela lui suffisait. À chaque fois, il y avait cette phrase qui lui revenait en mémoire :

« C’est à Fhèbe que tout commence. Toujours. »

___________

Voilà l'introduction de ce qui, je l'espère, sera une saga. Je n'ai vraiment pas écrit grand chose. Je dirais même que je me suis un peu laissé allé, mais qu'importe ! La suite, très vite (avant la suite du récit de Trevor en tous cas). L'histoire est déjà fini, et même depuis un petit moment, mais de la rédiger me fait un peu peur. Toutes vos critiques sont les bienvenues (et je me doute qu'il y en aura).

Et pour les éventuelles fautes d'orthographes, je m'excuse d'avance. Je ne me suis pas relu, je tâcherai de les corriger petit à petit !

3 commentaires:

TiteMaud a dit…

C'est d'autant plus beau et imagé que j'ai vu quelques levés et couchés de soleil ici en Australie et qu'ils sont magnifiques...

Il sort quand le livre?

:p

Moom a dit…

Excellent, j'ai hâte de lire la suite. Fluide, beau, bien imagé. I surkiff !

Mais je n'accroche pas aux prénoms. Les persos en sont presque antipathiques (l'Azur, j'y suis hein)^^

Mais j'adore vraiment.

RiyeT a dit…

Parfois quelques phrases sont un peu trop chargés et ça nuit à la fluidité de ta description à mon avis.
Sinon, un superbe lever de Soleil!

Vous étiez au moins...