samedi 12 septembre 2009

Adieu

Aujourd'hui, aux alentours de 5h du matin, ma grand-mère, ma mamé, tu t'es éteinte. Le dernier mois ne t'aura pas été particulièrement favorable, et bien que nous nous y attendions tous, à plus ou moins grande échéance, aucun de nous ne pouvait vraiment s'y résoudre.
Ma grand-mère, ma Mamé, je t'aimais. Nous t'aimions tous avec une infinie douceur. De devoir conjuguer ce verbe au passé, pour constater la finitude, la toute puissance de la mort, bref, pour se replonger dans tout un tas de clichés qui ne m'ont pas attendu pour être entérinés, voilà bien la constatation la plus terrible. 
Tu nous as apporté tout le caractère et le paradoxe de la Corse, l'amour du classique et de l'opéra, les recettes que seules les meilleures grands-mères connaissent, la passion de la période napoléonienne. Tu incarnais une gentillesse sans borne, un entrain et une force qui te rendais immortelle. Tu étais de celle dont on fait les centenaires. Et pourtant... 
Je ne garderai pas de toi le souvenir de cette chambre d'hôpital au petit matin, de cette toute petite chose au contact froid que la mort, dans son ultime étreinte, ravissait à son rêve. Tu n'étais pas cette prison de chairs muette et pathétique que parcourais moins souvent une lueur malicieuse qu'un spasme douloureux. Tu seras toujours la flamboyante, l'incroyable, la superbe et la formidable grand-mère que tous les enfants espèrent avoir. Et je crie haut et fort à qui veut bien l'entendre, que nous t'avions. Et que tu nous avais.
Tu étais une tempête. Un ouragan. L'indépendance était ton seul mot d'ordre, la littérature, ta seule maîtresse, et ta famille, tout ce qui comptait.
Plus jamais je ne pourrais me plier en deux pour t'embrasser, moi qui étais pour toi "long comme un jour sans pain". Jamais plus nous ne parlerons d'Histoire à bâtons rompus. Il faut croire que c'en est bien fini de nos conversations passionnées, de nos promenades, de nos instants à nous. Tu ne viendras plus visiter le Louvre et la Malmaison. Et je n'irai plus dans ton petit village de Santo avec toi.
C'est une page qui se tourne, une histoire qui prend fin. Une belle histoire. Celle d'une époque, d'un pays, d'un amour... Les souvenirs resteront, pour ce qu'ils comptent.
Je ne retiendrai pas mes larmes. Pas plus que je ne les cacherai.

Ma Mamé. Je t'aimais. Je t'aime. Et parce-que je t'aime, il me faut te dire au-revoir. Non, Adieu.


Oui. Adieu.

2 commentaires:

Vodka Caramel a dit…

Sincères condoléances et courage.
Avec toute mon affection.

Agathe

Coyote a dit…

Je suis triste pour toi, surtout en repensant à ce que tu m'en avais dit auparavant…

Vous étiez au moins...