
Ce soir, mes chers petits amis, je vais vous parler d'un point qui me tient à coeur. Un point qui me servira de petite introspection. Et, une fois n'est pas coutume, je vais vous demander, humblement, de bien vouloir m'aider. Je vais donc aborder sans plus tarder la douloureuse question... de la légitimité.
La légimité, c'est une question qui me tient à coeur depuis longtemps. Un peu crânement, un peu connement. Mais pour bien faire les choses, il faudrait déjà, dans un premier temps, définir ce que c'est, que la légitimité ! Et sur ce point, le Petit Robert 2009 est formel. La légitimité c'est avant tout un :
n.f. tiré du lat.médiév. legitimitas. Il peut être synonyme de souveraineté lorsqu'il se rapporte au droit.
Mais sa deuxième définition nous intéresse plus :
La légitimité constitue une qualité de ce qui est juste, équitable, raisonnable
La légitimé ce situe donc dans un espace personnel relativement indistinct. Il s'agit de cette étrange balance entre ce qui constitue la loi, ce que l'on considère comme équitable, et ce que la raison nous dicte.

Ma grand-mère (qui avaient oublié d'être con, sans quoi elle ne serait pas morte en bonne santé) me disait souvent qu'il fallait chercher la légitimité dans nos actes. Ou alors, c'était mon voisin. Ou cet individu qui est venu frapper à ma porte, complètement nu, à 2h du matin, lorsque j'avais 4 ans. Encore que je ne sois pas sûr maintenant qu'il ne s'agissait pas de mon voisin...

Bref, tout cela pour dire que la légimité a conduit ma vie, et l'ensemble de mes décisions depuis une éternité. Mais il vient ce moment où l'on commence à douter. Ce que l'on estime comme étant légitime, comme, en quelque sorte, allant de soi, n'est-il pas, plus que toute autre chose, tributaire de l'arbitraire ? Lorsque vous commencez à vous excuser de quelque chose, parce que vous le considérez comme normal, mais en présumant que cela ne sera pas le cas de votre auditoire, n'est-ce pas là ce que l'on pourrait qualifier de préambules aux problèmes ? Et encore, Nous devrions remarquer que j'ai été relativement bien élevé de ce point de vue là, puisque mes parents m'ont toujours appris à m'excuser avant de foutre mon poing au travers la gueule du premier des abrutis qui aurait l'audace de contester tout à la fois mon droit, mon équité, et ma raison.
Et puis, à force de chercher la légitimité en tous points, n'oublie-t-on pas de vivre pour soi ? Certes, on prend le temps de clarifier les choses. Dans un premier temps au moins. Mais ce sentiment ne s'établit-il lui même pas sur une base des plus malléables : les certitudes que l'on se forgent, et qui sont sujettes à de nombreux changements au cours de notre vie -tout du moins, l'espérerons-nous.
J'ai l'impression, aujourd'hui, que ce qui me semblait immuable n'était en fait qu'édicté par mon orgueil. Mes revendications n'étaient pas légitimes. Mais elles trouvaient dans mon orgueil une légitimité qui m'aveuglait assurément. Je comprends maintenant, même si je ne le conçois pas, qu'il n'était pas légitime de voler les déambulateurs de petits vieux dans des hospices pour aveugles, ou de crier à l'heure de la sieste dans des centres pour insuffisants cardiaques. Pareillement, maltraiter le fils autiste de ma prof de piano lorsque j'en avais l'occasion, ou tabasser les pauvres en compagnie de mes amis anglais ne constituaient que des occupations puériles basées sur un manque d'appréciation globale et que rien ne pouvait les justifier.

Il est étrange de se dire que son système de pensées et de valeurs doit être remis en cause dans son ensemble. Qu'il vient un temps où il va me falloir m'excuser de toutes ces erreurs d'appréciation, de ces gênes occasionnées, de ces maladresses qui n'en étaient finalement pas, et qui ont pu engluer mon esprit.
Peut-être ne comprenez-vous pas, mes chers petits amis, le fond de ma pensée où le pourquoi de ce billet. C'est pour cela qu'il est nébuleux (d'ailleurs, et si vous suivez bien). Cela dit, je vous en prie, si vous pouviez apporter une lumière nouvelle à mon cerveau encrassé, elle serait appréciée à sa juste valeur.