Aoutch... il est de ces soirs où l'on a du mal à accuser le coup. De ces soirs où l'on se sent la dernière des sous-merdes. Et ce n'est pas faute de compliments distillés par un certains nombre d'invités dans une soirée où vous n'étiez, malgré tout, que la "valeur ajoutée". Mais ce n'est sans doute pas de ce genre de soirée dont vous souhaitiez faire partie, n'est-ce pas ?
Il est difficile d'être réaliste. Surtout lorsque vous pensiez être techniquement insurmontable ; un concentré pur de champion, dont on fait les étalons les plus compétitifs. Pour faire clair, vous ne doutiez absolument pas de vos capacités. Et pourtant, vous voilà, du jour au lendemain (ou plus exactement, de l'après-midi à la soirée), relégué au rang de second couteau, tout juste bon à attiser des feux déjà allumés, à vous glisser dans une peau déjà revêtu. Vous ne vous y attendiez pas. Soyons honnêtes, si vous étiez votre serviteur, vous n'auriez tout simplement pas hésité à vous fracasser quelques phalanges sur un mur qui aurait eu l'outrecuidance de se dresser sur votre chemin. Et pourtant, vous n'en avez rien fait. Votre calme et votre maîtrise de soi vous étonne d'ailleurs. Ou alors vous avez d'autres choses auxquelles penser. Cela vous apparaît, finalement, comme un incident de parcours mineur, de ceux que l'on surmonte sans se poser de question.
Et pourtant, vous accusez le coup. Ce qui ne vous semblait, en premier lieu, n'être qu'une mésaventure discutable vous apparaît, au fur-et-à-mesure de la soirée, comme un coup de poignard dans le dos ; Un incident de plus sur un chemin que vous savez pourtant jalonné de problèmes. Et l'ensemble devient tout simplement insurmontable.
Mais n'ayons pas peur de la langue de bois. Elle sera mon ennemie mortelle ce soir, et je la combattrais tant que couleront dans mes veines les vapeurs éthyliques de parfums suaves et dépravés, de relents de tentations évincés par un honneur qui a gagné en humilité, ce qu'il a perdu en superbe. Pour faire simple, vous eussiez pu me sodomiser à sec avec des graviers que je n'en sentirais pas la moindre différence, et l'inconstance humaine m'apparaît comme la dernière des trahisons envisageables.
Quelqu'un m'aura dit, ce soir, que je n'étais que l'archétype du névrotique. Et sa définition semblait me correspondre avant que je ne sente le poids de l'incompréhension et du dénigrement de soi.
Savez-vous que le plus beau, dans tout cela, provient de la proportion purement paranoïaque, et très certainement égocentrique, à envisager le mal dans la plus simple aspérité de la vie. Ou alors, à une furieuse et impétueuse empathie fébrile, qui se dispute à l'intelligence psychologique de votre serviteur la compréhension globale d'un ensemble insensible et cynique à souhaits.
Que le doute envahisse l'être, sans le ménager, cela semble normal. Mais que la résonance à cette question ne trouve des échos que dans un futur arbitraire n'a rien pour enchanter.
Bref, toute cela pour vous dire que la soirée est à la torture et non à la sérénité, dans une atmosphère générale qui n'appelait en rien de telles appréhensions.
Puissiez-vous pardonner les pérégrinations malsaines d'un esprit tordu en cette heure avancée.
Bien cordialement, je vous salue.
2 commentaires:
Magnifique texte.
La déprime sied à ta plume. Ou l'inverse. Bref. Merci pour ce billet, et désolée pour l'émotion derrière.
:/ :) <3
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