jeudi 21 avril 2011

Il était une fois Twitter

Un petit oiseau bleu, un gazouilli, un outil social devenu quasiment indispensable dans le milieu informatique, je ne vous présenterai pas Twitter ici. Je me contenterai de jouer les “vieux cons nostalgiques du web“. Parce que oui, je vous l’affirme : il y a eu une période faste de twitter, aujourd’hui révolue.

Honnêtement, Twitter, j’y ai cru. Longtemps. Je m’y suis moi-même mis relativement tard, après en avoir pas mal entendu parlé, autour de janvier 2009. Au début, comme tout un chacun, j’étais bien en peine de voir l’intérêt de cet outil qui ressemblait plus à une tour d’ivoire qu’à un réseau. Certes, vous apercevez les gens s’ébattrent joyeusement, mais personne ne semble faire attention à vous. Vous multipliez les followings, sans recevoir de followers en retour. Frustrant.

Donc, comme vous tous, j’en suis sûr, j’ai essayé, et puis j’ai arrêté, pendant à peu près deux mois. Je lançais un tweet par-ci par-là comme on lancerait une bouteille à la mer. Cela me rendait, n’ayons pas peur des mots, malheureux ; malheureux car j’avais déjà noté le potentiel qui se cachait là, pour peu que l’on connaisse les bonnes personnes.

Et puis je m’y suis remis, et petit à petit, j’ai commencé à interagir avec les uns, les autres, à me trouver quelques similitudes assez étonnantes. Je retrouvais cette dimension oubliée avec facebook, d’anonymat. Je suivais, bien évidemment, des personnes que je connaissais dans la vraie vie, mais j’avais réussi à me redéfinir en tant que personnalité numérique (cf. cet article). Avec un peu de pratique, tout y est plus simple, sans fard, sans prétention. Twitter promet de réinventer le journalisme, le partage de l’actualité, tout en permettant à chacun de piocher l’information où il le désire. En plus de cela, il fait tourner les lolcats personnes.

En juin, les pt’tits gars de chez Weelya, @Un_geek @Paraboul et @Psish (anciennement @jchavarria), mettent en place un chat IRC via twitter. Dès lors, les rencontres se multiplient, et ce petit groupe lance quelques concepts désopilants, alors largement suivis. Je me souviens avec émotion de ces quelques heures où tous nous avions mis pour avatar une star de série TV des années 70-80. Haaaaa, mes chers petits amis, que de moment de joie nous avons partagé alors, bien avant les “journées à thème“.

Et puis, fin 2009, coup de mou assez général. Après un “mois du zombie“, suivi d’un “mois du roux“ lancé par @ToitagL @Ilagee_II (anciennement @Ilagee), et votre serviteur, twitter est en perte de vitesse. J’ai déjà conscience que j’ai passé trop de temps à rencontrer des personnes avec qui je ne partage finalement pas autre chose que la virtualité, et la vague de nouveaux arrivants tend à m’indisposer. Passons sur les trolls tardifs, il y en a de tout à fait plaisants, mais voilà, Twitter va souffrir, en France, de trois phénomène, qui en ont amorcé le déclin.

Pour commencer, Twitter devient mainstream. Début 2010, il s’ouvre à toute une frange de la population qui se fout vertement de ses avantages. Drague lourde, attaques mesquines, petit à petit, votre timeline Twitter se transforme en une sorte de chat caramail. Cela dépend de qui l’on suit me direz-vous, et je vous cède ce point. Mais il entraîne un corollaire intéressant : cessez de suivre quelqu’un, et dernier prendra cela comme un coup de poignard dans le dos, un « déni d’amitié virtuelle ». De biens grands mots, somme toute.

L’ouverture de twitter induit un autre phénomène : lorsqu’on partage sa vie sur twitter, il FAUT se rencontrer, et être TRÈS nombreux. Je me souviens, fut un temps, de quelques appels lancés pour se retrouver entre joyeux (mais surtout curieux) drilles, avec pour but d’essayer un restaurant, ou de se boire un godet ; Créer quelques instants de convivialité mais sans aucune commune mesure avec ce que cela a pu devenir. Dorénavant, pas une semaine ne se déroule sans un aperitweet, twapéro, twestival, j’en passe et des meilleurs. On va me reprocher d’être hypocrite ; il est vrai, après tout, que j’ai rencontré ma chère et tendre par l’intermédiaire de telles soirées. Mais avouez qu’entre passer sa vie à traîner entre “twittos“, et se retrouver épisodiquement faute de mieux, ou de plan, il y a un monde. Et toute cette clique bien pensante de bisounours ne tolère, qui plus est, pas la critique. Si l’on ne participe pas, c’est qu’il doit bien y avoir une raison. C’est vrai, enfin, passer le plus clair de son temps derrière un ordinateur a toujours été un facteur d’émancipation et d’ouverture aux autres ! Suis-je bête…

Enfin, dernier phénomène : l’appropriation de l’outil par les journalistes et autres “professionnels du web“ –vous savez, le genre qui vend des PDF pour se faire de l’argent. C’est bien simple, ils sont partout ! Et à les entendre, ce sont eux qui ont conçu Twitter. Et ils n’étaient certainement pas loin lorsque fut inventé le feu, mais c’est une autre histoire. Ils tentent de “professionaliser“ les échanges, en apportant, hum… je dirais cette dimension pompeuse qui fleure bon les excréments canins.

Là encore, je généralise, mais vous voyez ce à quoi je peux faire référence.

Imaginez le paradoxe de twitter aujourd’hui, qui veut la plupart des personnes possèdent deux ou trois avatars différents les uns les autres, qui vous empêche de dire ce que vous voulez, ou d’être, tout simplement. Les codifications sociales y sont même plus strictes que dans la vie. Les attaques y sont plus facile, et il est rare que l’on vous concède la moindre bourde.

Alors oui, Twitter, j’y ai cru. Et je continue et continuerai de l’utiliser, quotidiennement. Mais avec tellement moins d’entrain, tellement moins de plaisir… D’outil d’action, il est tout simplement devenu un outil de consultation dans laquelle je chronique mes petits tracas. Autant dire : un instrument supplémentaire au nombrilisme ambiant.

Twitter, la France a fait de toi ou dispositif dévoyé et a renié ton potentiel. Pardon.


7 commentaires:

Lousia a dit…

Twitter est un outil. Et chacun fait ce qu'il veut d'un outil.
A toi de suivre les bonnes personnes. Vu le nombre d'utilisateurs, ce n'est pas si compliqué...

Moom a dit…

Twitter est un outil, je suis d'accord avec Lousia.

Je follow moins de 170 personnes : panel varié mais suffisant, me permettant d'avoir d'avoir ma dose quotidienne d'infos politiques, scientifiques, de WTF, de LOL, de tweets humains, de sarcasme citadin et de mignonnitude. J'unfollow et refollow les gens selon mon humeur. Bref.


L'argument "mainstream = caca" ne tient pas. Sale HIPSTER.

ToitagL a dit…

Deuxième fois que tu te fais taxer de hipster aujourd'hui, pas mal.

Mais quelque part, je suis d'accord avec le propos "Twitter c'était mieux avant". Mais j'aime pas la nostalgie, alors je fais avec.

J'utilise Twitter quasi-exclusivement à sens unique, je follow ce qui me fait rire, le reste je prends ailleurs.

Deal with it. Et puis, on a Minecraft maintenant.

Ahuri3 a dit…

C'est fou de voir comme tu es sûr de toi alors que ce concept a déjà été vu et revu 1000 fois ces dernières années, et en plus avec le fric que Sarkozy paie pour le principe de Peter (et je dis ça sans arrière-pensée) , tu te fous de tout et les Provinciaux ont peur de l'insécurité ! Je ne vois pas pourquoi tu t'obstines, je ne comprends pas ceux qui ne peuvent pas bénéficier d'une tribune de parole libre ! J'espère que ça t'apprendra à ne plus mettre la charrue avant les bœufs.

Naginie a dit…

"Faut mettre du beurre au fond du plat pour pas que le gratin colle."

thomasD a dit…

Louisia et Moom je vous chie dans la bouche

Potemkin a dit…

ThomasD : Hé, Ho, Lousia et Moom sont des amies, donc tu surveilles ton langage, ok ?

Vous étiez au moins...