jeudi 18 juin 2009

Soirée Swing&Boots au Ohlala


Je ne suis pas vraiment un démon de la nuit parisienne. Des tas de blogs vous parleront bien mieux que je ne le fais de tous les deniers lieux branchés et des soirées dans lesquelles vous devez absolument vous faire voir. Et on ne peut pas vraiment dire que je sois un grand amateur de mondanités. 

Pourtant... Pourtant, je remarque que j'ai dernièrement tendance à vous affirmer quelque chose et à vous expliquer son contraire juste après... Mais il est une heure avancée dans la soirée, et vous me ferez grâce de vos commentaires désobligeants. Or donc, et pour en revenir à notre propos initial, je disais : pourtant, je vais vous parler ici d'une soirée qui se déroulera le jeudi 25 juin, à proximité de République, et que vous DEVEZ ne pas manquer. Et ce, pour plusieurs raisons, donc chacune est suffisante.

Pour commencer, cette soirée sera animée par deux DJs montants de la scène parisienne, et des personnes que j'estime beaucoup : Bart&Baker ! Leur univers très particulier, composé de morceaux de swing au cachet délicieusement désuet, et tempérés par des samples éléctro/funk/hip-hop ou encore rock, est un vrai délire auditif. C'est nouveau, ça change, et c'est extrêmement rafraîchissant. Je vous invite à vous rendre sur leur site, ou leur Myspace pour vous faire du bien.

Ensuite, le lieu en lui-même. Le Ohlala, bar *loft* restaurant situé rue Rampon à deux pas de République, a été aménagé dans l'esprit du quartier : on y trouve une esthétique froide et aseptisée que contrastent de chaleureuses tentures de velours et un mobilier des plus classiques. L'ensemble n'est pas sans faire penser aux galeries d'art contemporain avoisinantes, dont il emprunte la structure, puisque certaines oeuvres et installations y sont exposées de manière permanente. Et pour vous tous, mes chers petits amis qui, comme moi, seriez un poil geek, rassurez-vous, vous ne serez pas en reste ! Entre l'espace aménagé avec des figurines Goldorak, et des manges-disques fluo, vous trouverez des oeuvres de graphistes reconnus, et une ambiance décalée des plus appréciable !
Le lieu a été aménagé de manière à créer des ambiances très différentes. En haut, on trouve le restaurant et le bar principal. C'est un lieu posé, résolument orienté vers la détente et la convivialité. Au sous-sol, préparez vous à goûter à une ambiance épurée, paradoxalement tintée d'une débauche de lumières et de couleurs. Si à l'étage, on dîne, au sous-sol, on boit, on danse... Et plus si affinité.

Troisième et dernière raison : votre serviteur y fera de la magie ! Oh, en amateur, certes, mais ce sera l'occasion de tester de nouveaux tours, et de se faire un peu la main ! Après tout, il n'y a rien de mieux que la pratique pour apprendre, à ce qu'il paraît !

La soirée se décomposera en deux parties : Pour commencer, les participants seront invités à dîner dans ce cadre très particulier, à des prix relativement raisonnables (je vous invite à vous rendre sur le site du Ohlala pour constater), et pourront swinguer, et profiter de multiples événements, tandis qu'en seconde partie, nos DJs vous feront découvrir au sous-sol leur derniers boots incroyablement entraînants !

Le seul hic (car oui, il y en a un), c'est que la soirée s'achèvera, pour des questions de bonne entente avec le voisinage (et accessoirement, d'autorisations administratives) à 2h du matin.

Voilà ! Laissez-moi maintenant vous communiquer quelques informations purement pratiques, et vous enjoindre à vous inscrire sur leur lien facebook si vous souhaitez participer !
-La soirée sera gratuite et libre, et si la tenue correcte est de rigueur, il n'y a pas de dresscode particulier. Essayer d'être un peu retro, un peu jazzy !
-Elle se déroulera au Ohlala, 4 rue Rampon, entre République et Oberkampf.
-Le tout commencera à partir de 22h (avant si vous souhaitez dîner sur place), et s'ahèvera à 2h.

Sur ce, j'espère sincèrement que vous serez nombreux à venir ! Et surtout, annoncez votre venue, via facebook, car il risque d'y avoir pas mal de monde ! À très vite, mes chers petits amis !

mardi 16 juin 2009

News !


Je suis contre les effets d'annonce. J'ai toujours trouvé que l'on plaçait pour le coup des attentes disproportionnées. Mais bon, qu'importe, je vais déroger à la règle pour vous annoncer sans plus attendre qu'une nouvelle section verra bientôt le jour. Celle-ci imposera une nouvelle direction à ce blog, et une refonte totale de son contenu, de sa présentation générale, de sa disposition... Disons que cela devrait me permettre de reprendre une activité depuis trop longtemps négligée.

Pour rassurer directement mon lectorat, je vais essayer d'être moins évasif : pour commencer, je compte toujours publier ici mes derniers écrits, et si le temps me le permets, être un tantinet plus prolifique. Ensuite, je continuerai sans doute à vous parler de cinéma, d'actualité, de toutes ces choses, mais je ne suis ni critique, ni chroniqueur ;  tout au plus, puis-je vous livrer mon ressenti. Et c'est là la grande nouveauté. Car oui, mon ressenti, vous en avez soupé, si vous me suivez assez régulièrement. Mais je vous promets de vous l'offrir sous un nouveau format très rapidement ! 

Je ne dis pas que cela sera d'une originalité folle, mais il me tarde de le tester.

Vous savez, on cherche l'orientation d'un blog, et puis finalement, un soir, elle vous tombe sur le coin de la gueule sans crier gare, et le monde continue à tourner. C'est fou, vous ne trouvez pas ?

jeudi 11 juin 2009

La reprise des chroniques


Bien ! Je publie donc immédiatement la suite des chroniques de ce cher vieux Trevor. Je pensais qu'elles allaient un peu passer à la trappe avec le début du cycle de Terra, et puis, finalement, les partiels aidant, je m'y suis remis sans vraiment y faire attention. Le récit va donc se passer en parallèle sur deux époques (comme vous pouvez vous en douter en lisant les deux à la suite). J'espère que le style ne vous dérangera pas, et que le personnage de Tommy vous plaira. Il est loin d'être parfait, mais je pense qu'avec le temps, lorsque vous apprendrez un peu mieux à le connaître, vous l'apprécierez !
Bien, comme d'habitude, j'attends toutes vos critiques ! J'espère qu'il y en aura plein, parce que j'ai bâclé certains passages, et que je n'étais pas toujours trop inspiré. Je me suis même arrêté avant le retournement final, mais je voulais équilibrer les parties entre Trevor et Tommy.
Attaquez moi avec véhémence, je n'attends que cela !

mercredi 10 juin 2009

Trevor, Chroniques d'une goule

Lundi 17 mai 2004

 

À 43 ans, dont  une vingtaines d’années passées dans la police, Il pensait avoir tout vu, être revenu de tout. Pourtant ce mercredi 19 mai, au matin, l’inspecteur Tommy D. Hammilton était perplexe. Il avait devant les yeux ce qu’il tenait pour être un paquet, d’expéditeur –bien évidemment– inconnu. Il en avait extrait une série de clichés qu’il avait étalé sur son bureau selon un ordre temporel. Toutes les photos semblaient avoir été prises récemment. Il s’attendait à entendre le téléphone sonner d’une seconde à l’autre.

 

Jeudi 13 et vendredi 14 mai 2004

 

Jamais Hammilton n’aurait imaginé qu’une telle affaire puisse un jour remonter à la surface, et surtout pas dans de pareilles circonstances. Quelques jour plus tôt, le 13 mai, à 10:32 am il attrapait le colis qu’on avait posé sur son bureau et l’ouvrait négligemment. Il ne comprit pas immédiatement ce qu’il avait sous les yeux. Ce n’est qu’après avoir minutieusement regardé les photos qu’on avait soigneusement disposé à l’intérieur qu’il ressentit comme un malaise. Quelques instants plus tard il recevait un coup de fil anonyme. Il avait écouté attentivement les instructions qu’une voix lui avait distillé pendant plusieurs minutes. Il n’avait pas prononcé le moindre mot. Certains auraient sans doute pressenti un piège, ou n’importe quoi. Bien qu’il n’eut jamais rencontré d’animosité particulière en dehors de celle qu’inspirait souvent sa fonction, Hammilton savait qu’après un certain nombre d’années passées dans les forces de l’ordre de Londres, on avait eu le temps de s’y faire des ennemis. Et pourtant, il n’avait pas montré de méfiance particulière. La voix lui avait semblait familière, presque amicale. Tout à fait honnêtement, les photos qu’il avait reçu aurait pu appartenir à n’importe qui. Mais un élément tout particulier lui avait mis la puce à l’oreille.

Il s’était donc rendu au pied de cet immeuble, sur Arlington Road. Seul. Il avait profité d’une nuit pluvieuse, comme il y en a souvent à Londres. Malgré la faible bruine, on sentait poindre l’orage. L’air était lourd, et il y transpirait une moiteur printanière. Un réverbère illuminait faiblement la rue, tandis qu’au loin s’estompaient les cris de jeunes qui se rendaient au pub –probablement « The World’s End ». Lorsqu’il se fit une rapide représentation de la situation, il sourit. Ce n’était pas si courant que cela de coller aussi parfaitement à un cliché.

Il y avait des années qu’il n’était pas venu dans ce quartier. Il n’aurait su dire pourquoi. Plus jeune, Camden Town avait été l’un de ses endroits préférés de Londres, lui qui était épris de culture alternative. C’était l’époque où ses idéaux étaient inversement proportionnés à la longueur de ses cheveux. Mais pour recadrer les choses, il avait alors, à vingt ans, le crâne rasé, des piercings sur tout le visage, et des rêves pour l’humanité. Qu’il intègre la police trois ans plus tard s’était toujours révélé être un mystère pour les nombreuses personnes qui le côtoyaient. Mais personne ne savait ce que Tom avait pu vivre alors. Et si lui même s’en souvenait à peine aujourd’hui, ça lui avait paru une raison suffisante pour s’engager à l’époque.

Il fallait concéder à Tommy D. Hammilton cela : il possédait un certain talent pour exercer son métier. Il avait mené une brillante carrière, et était devenu inspecteur à trente-quatre ans, âge des plus honorables. Sur une dizaine d’affaires menées, six avaient trouvé un dénouement rapide et justice avait été rendue, trois avaient été mené en coopération avec Scotland Yards et avaient fini pas être résolues. Une seule s’était soldée par un cuisant échec.

À peine arrivé sur les lieux, de nombreux souvenirs avaient rejailli. Ceux qu’évoquèrent, dans un premier temps, les odeurs de Fish’n chips, l’ambiance électrique et survoltée de Camden Street, et les magasins de disques encore ouverts à onze heure du soir ; puis ceux plus ténébreux, moins réjouissants qui étaient irrémédiablement associés au 24 Arlington Road.

 

Il avait été le premier inspecteur sur place. C’était Davidson qui avait découvert la scène du crime, après que le centrale avait reçu un appel anonyme. Ce dernier était sorti, encore sous le choc, au moment où Hammilton avait pénétré dans l’appartement. Il se souvenait de la victime. Whitney Callum. Un jeune homme, aux longs cheveux d’or, maintenu dans une position de crucifixion par un réseau complexe de câbles tranchants comme des lames de rasoir, qui délimitaient un périmètre infranchissable. Le jeune inspecteur lui avait trouvé une étrange similitude avec certaines marionnettes, suspendue qu’il était par ces filins d’acier. Il n’était qu’un plaie béante. Quelqu’un avait pratiqué une ouverture au niveau du plexus, et on avait extrait les organes internes. Les chairs étaient lacérées en profondeur, et son corps musclé avait pris une étrange teinte grisâtre. Pourtant, malgré tout cette violence manifeste, la pièce était d’une propreté immaculée, surréaliste. Il n’y avait aucune trace de lutte manifeste. On eu pu croire que la victime avait été assassinée dans un autre lieu, et qu’on l’avait mise en scène dans son propre appartement bien plus tard. Lorsqu’il avait considéré son visage, il avait été sidéré par la douceur de ces traits, et le sentiment de paix qu’on pouvait y lire. Cet homme n’avait pas souffert, ou peut-être avait-il accueilli la mort comme une délivrance. C’est lui qui avait fait venir une ambulance pour s’occuper de la jeune femme inconsciente qu’on avait retrouvé dans la chambre à coucher du mort. De rapides investigations établirent qu’il s’agissait de la sœur de la victime. S’il était resté en relation avec l’ensemble de l’équipe, des experts au médecin légiste, ce furent Bartley et Doyle que l’on chargea de l’enquête.

Oui, il se souvenait. C’était il y a huit ans. C’était hier. L’affaire du « cadavre exsangue » avait créé un petit événement dans les médias, et puis, avec les tâtonnements maladroit de la police dans une enquête qui piétinait, la presse s’en était désintéressée et l’affaire n’avait jamais trouvé de dénouement.

Hammilton avait suivi l’investigation de Doyle et de Bartley d’assez loin. Il avait lui même d’autres affaires à traiter. Mais de nombreuses choses étaient arrivées. Ce duo là était venu à bout d’enquêtes proprement impossible. Leur complémentarité n’était plus à démontrer. Et pourtant, l’intuitif Bartley, cette force de la nature, ce roc inébranlable qui avait à peine sourcillé lorsqu’un malade avait torturé sa femme et sa fille, avait soudain flanché. Quant à Doyle, le génie, sa santé mentale déjà précaire semblait avoir définitivement volé en éclat, au cours de ses investigations et il avait sombré dans un ésotérisme forcené. Puis, sans crier gare, du jour au lendemain, les deux avaient disparu. Aucune personne extérieure à la police n’en a jamais rien su. Hammilton avait été chargé d’enquêter sur ses collègues et avait du même coup poursuivit l’enquête du crime de Arlington Road. Il ne faisait aucun doute que les deux événements étaient liés. Et pourtant, il ne pu établir aucun lien direct. Tout cela se conclut sur le plus gros échec de toute sa carrière. Il avait été bien incapable de reprendre là où ses collègues s’étaient arrêtés, et il semblait que quelqu’un s’était amusé à brouiller les rares pistes déjà isolées. Tout ceux qui semblaient s’intéresser à cette affaire disparaissaient ; depuis le docteur Cornwell qui avait été assassiné dans ce qui semblait être un crime passionnel, et jusqu’à la victime dont le corps s’était volatilisé au tout début de l’enquête. L’affaire « Whitney Callum » faisait partie de ces cas. De ceux sur lequel on se plonge encore de temps à autres, le genre de cas que l’on pense entraîner avec soi jusqu’à la retraite, et, plus probablement, jusqu’au tombeau.

 

Lorsqu’il avait reçu la pochettes de photos, plus tôt dans la journée, il n’avait pas percuté immédiatement. Il ne figurait sur ces clichés que quelques personnages photographiés de nuit, visiblement de manière aléatoire, entre Tottenham Court Road et Euston Street. Ce n’était qu’en y revenant quelques instants plus tard qu’il se souvint avoir déjà vu l’un des visages. Tiré de son contexte, il avait mis encore un peu de temps avant de se souvenir en quelles circonstances il avait déjà vu cet homme élancé. Il manqua de s’étouffer avec son café lorsqu’il réalisa qu’il s’agissait de la victime. C’était parfaitement impossible, l’inspecteur Hammilton le savait bien. Et il savait également que ces quelques photos n’engageaient à rien. Alors pourquoi avait-il décidé de faire confiance à la voix, et de revenir sur les lieux du crime ? Probablement pour trouver des réponses à ces questions qui le hantaient encore si souvent.

Il pénétra dans le hall de l’immeuble, qui était étonnement calme en comparaison de la dernière fois où il y était venu. Il gravit un étage, et passa devant l’ancien appartement qu’avait loué Whitney pendant de nombreux mois à un dénommé Mr. Jeremiah Stanton. Il s’arrêta sur le pas de la porte quelques instants. Il pu distinctement entendre des voix à l’intérieur. Un jeune couple avait vraisemblablement emménagé plusieurs années auparavant. Jeremiah aurait eu tord de faire autrement. Ce dernier était également propriétaire de l’appartement limitrophe, qui intéressait alors tout particulièrement Tommy. Il s’agissait d’un meublé, relativement modeste comparé à l’ancienne scène du crime. Mr. Stanton s’en servait parfois comme pied-à-terre, ou pour y loger un jeune neveu lorsque ce dernier était de passage dans la capitale. Huit ans plus tôt, on y avait effectué une fouille rapide, purement formelle, et personne ne s’était étonné de ne pas y avoir trouvé quoi que ce fut d’intéressant. Il semblait que Mr. Stanton n’avait pu se résoudre à le louer. Le domicile était toujours inhabité. Cela prouvait au moins que la voix ne s’était pas trompée. Il resta cependant quelques minutes, interdit devant la porte à guetter le moindre son. Lorsqu’il fut tout à fait sûr de son coup, il s’introduisit dans l’appartement.

Ce qu’il faisait était à l’encontre de toute procédure de police. Il le savait parfaitement. Mais honnêtement, il ne s’en souciait pas. Il était à la recherche d’un élément qui pourrait lui permettre d’apporter un éclairage nouveau sur cette affaire. N’importe quoi qui lui permettrait de rouvrir l’enquête. Et il ne cherchait pas à proprement parler « n’importe quoi ». La voix avait évoqué un élément qui lui promettait un nouveau départ dans le cas du « cadavre exsangue ». Il en connaissait la forme, mais pas le contenu. Il se mit donc à la recherche du petit carnet vert. S’il n’avait pas été rangé, il aurait été saisi lors d’une première fouille. Il était donc plus que probable qu’on l’avait caché.

Équipé de sa seule lampe torche, il fouilla systématiquement les étagères de livres –particulièrement fournies en recueils ésotériques et fantastiques–, les tiroirs des bureaux, le dessus des armoires… L’appartement n’était pas vaste, mais recelait de niches, de recoins et de meubles. L’investigation dura deux petites heures, durant lesquels Tommy failli abandonner plusieurs fois. Rien ne lui prouvait que quoi que ce fut ait effectivement pu se trouver ici, et la voix avait pu l’induire en erreur. Il refusait  cependant de partir avant d’avoir passé chaque pièce au peigne fin. Il avait prévu d’y passer la nuit si nécessaire.

Finalement, ce fut logé entre des draps plié qu’il pu mettre la main sur le carnet. Bien qu’après une rapide vérification, il semblait que certaines pages avaient été arrachée, il avait la certitude d’être le premier à mettre la main dessus. Pourtant, la voix connaissait son existence. Il pouvait y avoir plusieurs raisons à cela. Mais il s’intéresserait à cela plus tard. Il s’assit à même le sol, juste à côté de la commode droite en chêne massif d’où il avait extrait le cahier. Là, sur le parquet clair, il commença la lecture d’un étrange journal. L’écriture, bien qu’assurée, était celle d’un enfant. Le style était celui d’un jeune adulte. L’histoire paraissait éminemment fantastique, et sans doute l’était-elle. Pourtant, il ressentit une sorte de trouble, qui l’ébranla quelque peu.

Une fois terminé le récit, il réfléchit quelques instants. Ce texte venait de lui prouver deux choses : la police était passée à côté d’un témoin essentiel pendant plusieurs années, Trevor Dent, et Jeremiah Stanton avait délibérément dissimulé des éléments pourtant primordiaux à la police. C’était tout du moins ce qu’établissait ce carnet.

Il se mit en quêtes des pages manquantes sans trop de convictions. En commençant par la corbeille. Si, comme il le présumait, il était le premier à lire ces lignes, les pages avaient donc été arrachées par leur auteur. Il avait pu s’en débarrasser, ou l’emporter avec lui dans sa quête de justice. Pour se donner bonne conscience, il fouilla encore une heure, puis sorti après avoir tout remis en place. Il était près de 4h du matin. Il décida de rentrer chez lui, dans cet appartement situé sur Kennington, pris une douche et s’endormit profondément.

 

Durant les jours qui avaient suivi, Tom avait effectué un certain nombre de recherches de son côté. Il ne savait pas si la voix essaierai à nouveau de rentrer en contact avec lui, et avait écarté l’idée de parler de ses découvertes à ses collègues dès lors qu’il avait passé sous silence l’appel anonyme du 13 mai.

Il se pencha dans un premier temps sur l’identité de Trevor Dent. De brèves consultations de la base de données et des archives de la police lui permirent de remonter à une affaire de 1992. Les corps de Jonathan Dent et de sa femme, Amelia, avait été retrouvés, dans une ruelle à proximité de Gordon Square, alors qu’ils s’apprêtaient à reprendre leur véhicule. Le crime n’avait eu aucun témoins. Leur fils, Trevor, semblait s’être volatilisé. Alors qu’il consultait le rapport du médecin légal, Tom n’avait pu retenir un haussement de sourcil : les cadavres étaient parfaitement exsangues. Il nota cela sur un carnet et poursuivit ses recherches. Il considéra toutes les théories suivis, mais aucun assassin n’avait jamais pu être appréhendé. Tommy sentait son sang bouillir. Il ne s’était replongé dans cette affaire que depuis quelques heures, et déjà, il avait une piste. S’il arrivait à établir qu’il s’agissait bel et bien du même Trevor Dent, il tenterait de faire rouvrir l’affaire.

Dans l’immédiat, il s’inquiéta de savoir ce qu’était devenu Mr. Stanton, le propriétaire mythomane. Et c’est avec une certaine appréhension qu’il composa le numéro dont il disposait. Tant de personnes en étaient venues à disparaître au cours de cette enquête, que cela ne l’aurait guère étonné. Après deux tonalités, quelqu’un décrocha le combiné.

–Allô ? 

–Oui, bonjour Monsieur. Tommy Hammilton, inspecteur de police. J’aurai souhaité m’adresser à Monsieur Jeremiah Stanton. 

Après cela, Tom se dit qu’il aurait sans doute du préparer une entrée en matière un peu plus délicate, mais à vrai dire, il n’y avait pas réfléchi. Il s’attendait presque à ce que son interlocuteur raccroche. Il fut surpris lorsqu’il entendit :

–C’est lui même Monsieur Hammilton.

Sa voix s’était nouée. Pour le rassurer, Tommy reprit :

–Rassurez-vous Monsieur Stanton, il n’est rien arrivé de particulièrement préoccupant. Je suis actuellement en train de rouvrir une enquête qui date de plusieurs années, et j’aurais souhaité m’entretenir avec vous sur certains points très précis de l’affaire. Serait-il possible que nous nous entretenions ? Je vous ferai parvenir une convocation au Great London Central pour une entrevue à la date de votre convenance.

–Oui bien sûr. Sur quelle enquête menez-vous des investigations ?

« Parce qu’il a été mêlé à plusieurs enquêtes différentes, songea alors Tommy ? »

–Nous rouvrons l’affaire Whitney Callum.

–Ho. Bien. Et bien écoutez, je pense que je pourrai me libérer pour le 20 mai.

–Parfait, c’est entendu. Je vous remercie. Bonne journée.

Lorsqu’il raccrocha, il n’était pas rassuré du tout. Le fait qu’il n’ait pas rencontré de tension ou d’animosité de la part de Jeremiah Stanton le mettait profondément mal à l’aise.

Il reprenait à peine son enquête sur de nouvelles bases, et déjà se posaient des questions auxquelles il ne pourrait pas répondre dans l’immédiat. Il le savait. Pour commencer, il ignorait tout de la voix qui l’avait contacté, et qui lui avait vraisemblablement envoyé les clichés qu’ils regardait à nouveau. Qu’un élément extérieur ait mis si longtemps à se manifester, cela le dépassait complètement. D’autant que ce dernier semblait posséder quelques exclusivités. Il fallait que ce soit l’un des principaux acteurs de cette soirée pour détenir des informations concernant l’appartement inoccupé et le petit carnet vert. S’agissait-il de Trevor Dent ? Ou d’une personne qui serait rentrée en contact avec lui ? À moins qu’il ne s’agisse d’un individu qui aurait réussi, d’une manière ou d’une autre, à mettre la main sur les pages manquantes, ou un éventuel deuxième journal. Pour l’instant, Tom ne pouvait se permettre que de spéculer.

Il quitta son bureau tard ce soir là. Il ne comptait pas y remettre les pieds du week-end, et compter amener de quoi travailler chez lui. Il continua à accumuler le plus d’informations possibles sur la disparition de Trevor, et s’intéressa à la remarque de Stanton qui l’avait fait tiquer.  Il ne put cependant établir aucun lien direct entre Jeremiah Stanton et une autre affaire que celle du 24 Arlington Road. Ces conclusions le laissèrent perplexes. Ce n’est que vers minuit qu’il éteignit la lumière de son bureau et quitta le commissariat pour rentrer chez lui.


Attention ! Le texte est appelé à être modifié sous peu, donc ne vous fiez pas à cette version ! MAJ demain (parce que là, il faut bien l'avouer, la flemme).

jeudi 4 juin 2009

Les partiels de l'angoisse


Autant le dire tout de suite, je ne suis pas le genre de personne à stresser pour un partiel. Même lorsque je ne sais rien (sachant que tout est relatif, jamais je n'irai à un examen sans connaître un minimum le sujet), je suis d'un calme olympien. C'est parfois quelque peu stressant... Pour mon entourage. Je pense en particulier à mes chers géniteurs –notamment le monsieur, derrière avec la caméra et qui fait coucou. Et puis ils n'ont pas tout à fait tord. Je pense ne pas être fait pour les partiels. Je suis d'une distraction sans nom, et il m'arrive d'oublier sur le coup tellement de choses, que s'en est forcément pénalisant. Par contre, je suis tout à fait dans mon élément lorsqu'on parle d'oraux. Car, autant j'aime écrire parce que cela m'apaise, autant parler me met dans un état de frénésie compulsive et passionnée.
Mais toujours est-il que les partiels de cette année me procurent un sentiment d'angoisse profond. Les grèves ont été telles que certains profs (une grande majorité, malheureusement)n'ont pas assuré le moindre cours durant ce semestre, et nous proposent malgré tout un partiel "allégé". Ce qui a tendance à me faire doucement rigoler. Un partiel, aussi allégé soit-il, ne rime à rien si l'on ne nous a pas au préalable dispensé un enseignement minimal. Sur quelles bases repartirons-nous l'année prochaine, lorsque le programme de cette année sera considéré comme acquis ? Tout en sachant que la solution de l'autruche, à savoir donner son année à tout un chacun, ne rime à rien non plus...
Je ne jugerait pas le mouvement social. Certains profs qui n'avaient jamais fait la moindre grève de tout leur vie se sont mobilisés pour manifester contre la LRU. Très bien ! Mais qu'au final, cela ait pour résultat de pénaliser TOUS les étudiants en université, je suis disposé à trouver cela insupportable. Et assister aux Assemblées Générales où aucun débat constructif ne semble s'établir au fil des semaines à quelque chose de profondément navrant. Ce n'est rien d'autre que le sacrifice de la raison sur l'autel de la bêtise humaine. Et la politisation de toutes les franges de la population étudiante dans ce genre de débat m'a toujours donné envie de vomir. Chacun y va de sa petite anecdote, alors que, très franchement, personne ne sait exactement de quoi il est question. Lorsqu'on entend (véridique), des phrases telles que "Ouais, la LRU, ça nous prouve que la société capitaliste est en bout de course, et que les [enfoirés de] patrons sont partout, à tenter de s'assurer des parachutes dorés, alors il faut se dresser contre, camarades", on a qu'une seule envie, s'est de rentrer dans tous les cons avec un hache pour qu'ils arrêtent de débiter des énormités pareils. Pour commencer, je ne suis le camarade de personne, et je ne comprends pas en quoi ce que tu viens de dire à un quelconque rapport avec l'Université, CONNARD !
Il y a aussi la réaction de certains enseignants chercheurs, qui refusent catégoriquement de fournir une quelconque bibliographie susceptible de sauver notre semestre. Parce qu'ils sont en grève... Autant dire tout de suite qu'ils ont peur de s'apercevoir qu'ils sont dispensables à une grande majorité d'étudiants. Ce que je peux penser n'a guère d'importance. Certaines personnes auront toujours besoin du soutien d'un professeur pour les tirer vers l'avant. Mais dans ce cas là, leur tourner le dos et les laisser à leur ignorance me semble la dernière des bassesses.
Ce qui m'angoisse le plus, ce n'est pas ce qui peut concerner un éventuel passage. Je pense que cela ne posera pas une grande difficulté. Et au pire, Septembre sera là pour les plus courageux. Non, ce qui m'importe véritablement, c'est de penser que certains crétins vont –et malheureusement, il faut le reconnaître, parfois à juste titre– bloquer les examens, qui vont se dérouler dans des conditions exécrables. Penser que tout cela n'est peut-être que le début d'un été qui s'annonce rébarbatif au possible me met en rogne.

Voilà. Excusez ce petit débat sur un blog qui voulait les éviter, mais, mes chers petits amis, vous comprendrez que certaines choses puissent revêtir pour l'auteur une importance particulière à un moment donné.

Souhaitez-moi tout de même bonne chance, car il y a peu de chance que je repasse avant que la foire aux examens de cette année ait commencé.

mercredi 3 juin 2009

Et toi, tu l'aimes ma voix ?


C'est assez étonnant comme je ne supporte pas ma voix dès lors que je l'entends. Je pense que je suis loin d'être le seul dans cette situation. La perception de sa voix par une source extérieure (et donc objective, et c'est là que le bat blesse) nous paraît toujours étonnement aiguë, mais certaines tonalités plus graves, plus grasses, nous choquent. C'est ce que l'ont appelle l'effet loudness. Ajoutez à cela les problèmes inhérent aux procédés d'enregistrement qui ne restituent pas non plus exactement la réalité, et vous ressentirez une grande frustration lors d'une première écoute.
Mais en analyse interne, et bien, disons que j'ai la sensation que ma voix est plutôt chaleureuse, emprunte d'une sorte d'élégance et de distinction qui ne sont pas pour me déplaire. Je pars un peu trop dans les aigus, peut-être, mais mettons cela sur le compte de la frénésie qui bien souvent m'habite lorsque je suis face à un interlocuteur attentif. Parce que j'ai un timbre de voix plutôt grave, figurez-vous.
Après, lorsque je m'entends, j'ai tout simplement l'impression d'avoir une voix d'une affligeante banalité. Vulgaire, jeune, insupportable !
Et pourtant... Pourtant... Et bien voilà, pourtant, et même si certains comédiens me diront que ce n'est jamais une fin en soi (même si, à l'égard de certaines productions actuelles, je dirai que, plus qu'une fin en soi, c'est un enterrement de première !), j'adorerai prêter ma voix à une quelconque production. Vous savez, le genre de déclic que vous avez à 7 ans, lorsque vous regardez le Roi Lion pour la première fois et que vous vous dîtes : "oui, enfin, en même temps, Simba, ça aurait pu/du être moi".
Là encore, j'ai conscience de ne pas être original pour deux sous -même si en réalité, public, je te montre toutes mes facettes que tu pourrais qualifier de banales pour me rapprocher de toi et mieux t'embobiner-, mais bon... Sait-on jamais ! Combien d'enfants Paolo Domingo a-t-il fait vibrer par son interprétation de Ce Rêve Bleu dans Aladin, ou Emmanuel Curtil dans Le Roi Lion ? Et qui n'a pas le souvenir de ce bon vieux Luc Hamet, l'éternel voix de Michael J. Fox, et présentateur de Hanna Barbera de notre enfance (et bon nombre de jeux vidéo également) ?
Donc voilà, le doublage, ça m'attire. Ne serait-ce que dans une démarche d'acception ET d'acceptation de ma propre voix.
C'est dit.

Vous étiez au moins...