vendredi 17 juin 2011

It's about f***ing time !

Et voilà le retour tant attendu (si si) du Cycle de Terra ! Le texte est là, dans un coin d'un peu tous les ordinateurs que j'ai pu approcher ces 2 dernières années, et il n'attendait qu'une étincelle pour se coucher sur mon blog, et PAF ! Voilà, comme quoi, il ne faut jamais désespérer. Alors, comme à chaque fois, je vais vous dire que j'ai un peu plus de temps devant moi, et que je vais me consacrer à l'écriture, et, comme à chaque fois, je vais me disperser dans tous les sens, donc, bon, nous verrons bien. toujours est-il que le texte, même s'il n'est pas écrit, est quelque part dans ma tête, et qu'il n'attend que vos retours (positifs ou pas) pour prendre forme !

J'attends vos critiques avec une impatience consommée !

À très bientôt mes chers petits amis !

Le Cycle de Terra : L'Enfant du Rêve (4)

Chapitre Un : Convergence


Troisième Partie : Secteur Quatre


Azur descendit du belvédère qui surplombait la Corniche. Il attendait Aria. Elle aimait contempler le paysage au petit matin. Aria regardait chaque chose avec émerveillement, comme s’il s’agissait de la première et de la dernière fois qu’elle était amenée à les contempler.

Azur pensait souvent combien Aria, du haut de ses huit ans, était différente des fillettes de son âge. Elle était calme, posée, réfléchie : un vrai bonheur. Avec sa peau claire, ses cheveux blonds comme un incendie, ses yeux bleus et son visage poupin, il ne faisait aucun doute que sa beauté feraient, dans les années à venir, des ravages. Mais Azur ne s’en inquiétait pas trop.

Elle le rejoignit bientôt. On pouvait voir son ombre se projeter sur la poussière qui retombait mollement. Le rebord de la Corniche baignait pour l’instant dans la lumière du matin ; l’ensoleillement du quatrième étage ne durait qu’une poignée d’heures. Aria marchait tranquillement, sa robe bleue au vent. Arrivée au niveau d’Azur, elle lui tendit une main, qu’il prit délicatement, et tous deux s’enfoncèrent alors plus profondément dans la ville, en direction du marché. Ils empruntaient des chemins qui sinuaient entre les petites maisons en pierre de taille du quartier. Azur aida Aria à monter sur les petits murets qui bordaient la route et sur lesquelles se reflétaient quelques rayons qui semblaient les polir. À mesure qu’ils s’éloignaient du belvédère, les rues devenaient plus larges, la terre battue laissait place à un pavage fin, et les maisons gagnaient un ou deux étages. Certaines possédaient de somptueux jardins dont les arbres proposaient de délicats ombrages.

La jonction entre le quartier du marché et la corniche était marquée par un grand escalier flanqué de deux rampes en pierre au décor ciselé. L’esplanade en contrebas aboutissait sur un pont d’une vingtaine de mètres de long, uniquement destiné aux promenades, qui enjambait un cours d’eau. Il était bordé, par quatre lampadaires noirs, ouvragés de cuivre argenté, qui dispensaient une lumière tamisée à la nuit venue. De part et d’autre du cours d’eau avaient été aménagés des quais pavés, largement fleuris et boisés, qui accueillaient quelques étales dans la matinée.

Le quartier s’animait très tôt, du fait du marché quotidien, et l’agitation qui y régnait tranchait avec le calme de la Corniche. Les rues se remplissaient de gens, de fragrances et de bruit jusqu’à une heure avancée. Dans la ruelle qui menait le jeune homme et l’enfant vers la place centrale, les boutiques ouvraient à l’aube pour concurrencer les marchands ambulants ; l’on pouvait sentir la chaude et moelleuse odeur des brioches qui sortaient du four d’une boulangerie, les essences sucrées, acidulées, puissantes et entêtantes de centaines de fleurs aux couleurs improbables, ou encore le parfum de fer chaud des fonderies artisanales qui réalisaient des pièces d’orfèvreries pour certaines, de machineries pour d’autres. Les maraîchers, poissonniers, ou bouchers rivalisaient d’éloquence pour vanter la fraîcheur de leurs produits, tandis que les badauds discutaient avec ardeur le moindre prix. Çà et là retentissaient des cris de bêtes et des tintements métalliques.

Lorsqu’ils arrivèrent aux abords de la place, l’étreinte d’Azur sur la main d’Aria se fit plus forte. Elle s’agrippa à lui en retour, comme pour le rassurer ; bien que fascinée par ce tumulte incessant, jamais elle n’aurait songé à s’éloigner ne serait-ce qu’un instant de lui.

À côté de la place centrale, on aurait pu dire du quartier qu’il était calme. Si les rues alentours étaient agitées et bruyantes, il n’y avait aucune commune mesure avec l’effervescence épileptique qui emplissait l’espace. Dégagée –ce qui n’avait guère dû arriver depuis son édification–, la place était considérablement étendue. Carrée, de près d’un demi kilomètre de côté, elle était desservie par une trentaine de rues et de passages. Pour éviter le stationnement de véhicules de livraisons dans un quartier à l’encombrement déjà maximal, un wagon cheminait le long d’un rail suspendu entre l’ascenseur principal du secteur et plusieurs centres d’où étaient répartis les approvisionnements de diverses échoppes. Les progrès en matière d’éclairage avaient été prodigieux depuis la découverte de l’énergie cristalline. Bien qu’aucun rayon de soleil ne parvint jamais jusqu’au marché, la lumière que diffusaient les puissants projecteurs mobiles réparties sur la voûte de l’étage supérieur, donnait l’illusion d’être en plein jour. L’intensité et l’inclinaison de l’illumination variaient avec l’heure de la journée. Lorsque tombait la nuit, on allumait les lampadaires et le plafond s’illuminait d’une myriade de projecteurs semblables à des étoile. Le système avait été adopté dans l’ensemble de Fhèbe, depuis qu’une étude avait démontré que certains citoyens n’avaient même jamais vu le ciel de leur vie.

Azur et Aria évoluaient comme ils pouvaient dans la foule. Ils s’arrêtèrent à hauteur du stand d’un boulanger ambulant –qui, depuis le temps, n’avait plus d’ambulant que le nom– et les doux effluves sucrés de ses pâtisseries fraîches leurs parvinrent aux narines. À côté d’eux, une mère peinait à retenir son fils qui semblait bien déterminé à goûter tous ces délices, crémeux ou meringués. Une dame retombait en enfance devant les proportions impressionnantes des pâtisseries. Le vieil Ezra qui tenait la boutique regardait avec la bienveillance du marchand satisfait ce petit monde qui se pressait devant ses vitrines de gâteaux. Il accueillit Aria avec son entrain habituel, et la même ritournelle :

–Alors petite demoiselle ! Prête à faire, aujourd’hui encore, un grand bond gustatif ?

Le vieux pâtissier avait commencé par impressionner la fillette, les premières fois qu’ils s’étaient approchés. Avec son incroyable moustache et son gros nez, il avait rappelé à Aria l’ogre d’un conte qu’Azur lui avait lu un soir. Le temps aidant, elle s’était aperçu de la réelle gentillesse du bonhomme, et elle lui répondait immanquablement par son plus beau sourire. Azur s’accroupit à côté de la petite fille :

–Alors Aria ? Tu as choisi ?

L’enfant faisait des mines gourmandes devant chaque gâteau. Elle se retourna vers Azur, et le regarda par en dessous, en se balançant d’une jambe sur l’autre, les mains jointes dans le dos.

–Non, jeune fille. Un seul. Sinon, tu ne les finiras jamais.

Elle ne discuta pas. Elle ne le faisait jamais. Elle se retourna vers la vitrine, avec l’air concernée de celle qui doit prendre une décision terrible. On pouvait sentir dans son regard qu’elle pesait bien le pour et le contre, et établissait un rapide rapport entre la quantité de crème, de chocolat, de fruits ou de caramel, et le plaisir substantiel qu’elle pourrait en retirer. Comme elle ne pouvait se résoudre à un choix arrêté, elle finit par se mettre une main devant les yeux et à pointer un endroit de la vitrine au hasard. Elle osa un coup d’œil entre deux doigts écartés, pour voir le vieil Ezra prendre sur ses indications un gâteau plein de chocolats et de pâte à choux et l’emballer. Azur paya, et lui tendit. Elle croqua rapidement dedans, pour se rassurer… Le hasard avait encore une fois bien fait les choses ! Il s’agissait exactement de ce dont elle avait envie. Contente et rassurée, elle entama la dégustation de ce délice avec la plus grande application. Ces mets recelaient toujours de bien des secrets. Même si leur présentation était impeccable, ces gâteaux ne semblaient pas, à proprement parler, fins. Pourtant, lorsque l’on croquait dedans, on ne pouvait être qu’agréablement surpris par la complexité du mélange de saveurs. C’était un plaisir gustatif au delà des mots. La raison en était simple. Ezra pratiquait l’art de la pâtisserie comme certains grands maîtres peignaient : en mettant son âme dans chacune de ses oeuvres. Mais son travail était loin d’être accompli. Théoricien dans l’âme, il comptait fermement trouver le « chiffre d’or » de sa profession, et cherchait constamment à équilibrer le rapport entre la matière, l’apparence, la texture en bouche et les saveurs. Il en résultait ce qu’il appelait la ‘dynamique’ d’un gâteau –à savoir, l’enthousiasme escompté lors de la dégustation. Il continuait donc ses recherches à la poursuite de la ‘dynamique’ suprême. Elle existait. Il en était persuadé, et il n’en était pas loin.

Azur reprit la main de la fillette alors qu’elle découvrait une fine couche de caramel au beurre salé qui craquait légèrement sous la dent. Elle manqua s’évanouir d’aise, se ressaisit en assurant sa prise à la main protectrice, et tout deux s’éloignèrent de la boutique non sans avoir salué le vieil homme. Demain, sa boulangerie serait fermée. Aria ne savait pas si elle y survivrait.

–Tu es satisfaite ?

Aria se retourna vers Azur. La question était purement rhétorique. Comment pouvait-on ne pas être satisfait par une pâtisserie provenant de la boutique d’Ezra ? Elle hocha cependant la tête en signe d’approbation.

Aria ne parlait pas. Non pas qu’elle en fut incapable. Elle semblait simplement ne rien avoir à dire. Cela ne dérangeait pas Azur. Le jour où elle aurait quelque chose à lui communiquer, elle le ferait. Il n’en doutait même pas. Ce n’était pas comme si lui-même était particulièrement éloquent au quotidien.

Il regardait Aria manger sa sucrerie, et il repensait sans cesse aux circonstances de leur rencontre ; rencontre qui remontait à quatre ans maintenant.

Un jour, Aria était tombée sur Azur. Au sens propre du terme. Il avait entendu un sifflement, noté une ombre qui se dessinait, de plus en plus précise, et avait relevé la tête. Il s’était retourné juste à temps pour s’apercevoir qu’une petite fille au cheveux blonds chutait dans sa direction à grande vitesse. Elle avait tendu ses petits bras en avant, et il avait amorti le choc avec son corps. Il s’était relevé, chancelant. Elle n’avait pas ouvert la bouche, pas prononcé un mot, et s’était contentée de lui sourire. Un de ces sourires remplis de malice qui l’avait immédiatement séduit. Il lui semblait visiblement tout à fait normal de se retrouver dans les bras d’un parfait inconnu après avoir manqué de s’écraser sur le pavé. Lorsqu’il croisa son regard, il ne fit aucun doute qu’elle l’avait déjà adopté. Parfois, il lui semblait même que ça n’avait pas été lui, mais elle qui l’avait choisi.

Jamais cette fillette n’aurait dû lui tomber dessus sur une esplanade parfaitement dégagée. Il avait immédiatement repoussé la possibilité qu’elle soit tombée du cinquième étage de quelque manière que ce fût. La voûte supérieure s’élevait à plus de quatre cents mètres du sol, et l’impact après une telle chute aurait été mortel pour les deux protagonistes. De plus les soubassements des différents étages étaient enfouis à une cinquantaine de mètres en dessous de la surface habitée. Les accès aux différents sas de maintenance étaient très largement surveillés, et il semblait impossible qu’une enfant de quatre ans ait pu s’y déplacer librement. Il avait beaucoup réfléchi à la configuration de l’endroit où il se trouvait, aux circonstances de leur rencontre. Et lorsqu’il y réfléchissait il en venait toujours à penser qu’Aria était tout simplement apparue à une dizaine de mètre du sol avant de fondre sur lui. Il s’en accommodait. Il avait vécu par le passé des événements bien plus perturbants.

–Je vais aller voir Dorgan.

La jeune fille se retourna vers Azur, encore un peu perdue dans ses pensées. Les gâteaux d’Ezra la transportaient dans une autre réalité.

–Tu veux venir ?

Elle fit oui de la tête. Azur savait qu’Aria appréciait l’atmosphère si particulière de la boutique de Dorgan. Comme tous les ateliers, il était exigu, encombré, plein de rouages, de pistons et de pièces de rechanges. En certains endroits traînaient des bras hydrauliques ou de exosquelettes de combat. Il était si fortement imprégné d’huile qu’elle suintait des murs et il y flottait une odeur d’essence et de rouille qui vous prenait les narines pour vous les rendre en mauvais état. C’était une formidable caverne aux merveilles pour qui s’intéressait d’assez près à la mécanique.

Dans ce fatras régnait Dorgan. Il extirpait du chaos ambiant des choses insoupçonnées. Et lui et le bleu de travail maculé d’huile et d’essence, qu’il portait depuis trente ans, avaient effectué plus de réparation que quiconque.

Dorgan devait être l’un des rares hommes de Fhèbe à posséder un robot –un modèle au nom imprononçable que le mécano avait rebaptisé Stan. Il fallait dire que ces derniers n’avaient pas très bonne presse depuis la révolution des méchas, qui avait pris fin aussi subitement qu’elle avait commencé, près de deux siècles auparavant. Et le robot du mécanicien devait avoir été construit à cette période. Il était résolument obsolète, et malgré les nombreuses réparations et améliorations que lui apportait Dorgan, il ne fonctionnait jamais plus d’une semaine d’affilée. De plus, il était particulièrement gourmand, et les batteries qui l’alimentaient étaient presque introuvables depuis la découverte de l’énergie cristalline. Bien que le mécano ait tenté de le faire à plusieurs reprises il semblait impossible de lui greffer un transformateur moderne ; la taille du cristal aurait été disproportionnée. Et aucune des tentatives de Dorgan pour baisser sa consommation n’avait abouti.

L’homme approchait la cinquantaine. Il était fin et sec ; nerveux. Ses cheveux gris étaient retenus en une queue de cheval qui dépassait sous un bandana. Il avait des traits durs ; les traits d’un homme que la vie a épuisé, mais qui s’y est résigné.

Nul ne savait exactement ce qui unissait le jeune homme au mécanicien. Le jour où Azur s’était rendu à l’atelier de Dorgan, la première fois, les deux hommes semblaient se connaître depuis toujours. Quiconque connaissait le mécano un tant soit peu savait qu’il n’aimait personne et ne respectait pas grand monde. Pourtant, il témoignait au jeune homme une sorte de déférence et la fillette l’avait immédiatement attendri. Aussi acceptait-il qu’ils viennent lui rendre visite. Il ne l’aurait jamais avoué, mais pouvoir enseigner à Azur des principes de mécanique élémentaires tandis qu’Aria les écoutaient attentivement constituait une de ses dernières joies.

Lorsqu’ils arrivèrent à l’atelier, en bordure de la place, Dorgan était en train de vérifier le châssis quadrupède de Stan, en pestant, comme à son habitude. Azur saisit Aria par la taille et la posa sur une caisse en métal. Elle s’assit, les jambes croisées, et contempla le désordre ambiant dans un silence religieux. Dorgan ne s’était toujours pas aperçu de leur présence, ou ne le manifesta pas.

Azur s’éclaircit la gorge. Dorgan continuait de trifouiller le châssis.

-Je sais qu’t’es là gamin, n’t’excite pas.

-Vous savez, Dorgan, depuis le temps, vous devriez sincèrement songer à vous en débarrasser. Il vous aura coûté une petite fortune en entretien, et je ne parle pas de l’investissement temporel. Si les robots ont été créés pour nous faciliter la vie, le concepteur de Stan s’est pas mal fourvoyé. Vous y passez combien… les deux tiers de votre temps libre ?

Le mécano, toujours allongé s’essuya le front avec son avant bras.

-J’sais pas ce qui me dérange le plus, gamin. Le fait qu’t’aies raison, ou le fait que j’en vienne à considérer qu’il faudrait que j’t’écoute ?

Azur sourit intérieurement. Quiconque se serait permis une telle remarque sur Stan aurait déjà été invité à aller se faire voir ailleurs.

Dorgan daigna enfin s’extirper de sous le robot et se releva d’un bond. Toujours alerte, pensa Azur.

-Bon, gamin, allons droit au but, je sais qu’t’es pas là pour un cours magistral aujourd’hui, et j’crois pas qu’ça soit le jour des livraisons, donc t’attends que’que chose de moi, j’me trompe ?

-Ha, ça, on ne vous la fait pas Dorgan. Aussi vais-je vous poser la question immédiatement : qui suis-je ?

-Tiens, ça f’sait quoi… Deux, trois ans peut-être que tu n’me l’avais pas sortie celle là. Sache qu’la réponse s’ra toujours là même : « J’sais pas ». Et j’te l’répète : ce qui t’arrive est une bénédiction. Crois moi, j’aimerais bien oublier que’ques événements et reprendre un nouveau départ. Tout c’que t’as à savoir, j’te l’ai déjà dit. Mais continue à remuer ton passé, et tu finiras dévoré par tes propr’ démons. T’as pas mieux à faire que d’poursuivre ces chimères, maint’nant ?

Le mécanicien se tourna vers Aria pour lui sourire. On sentait que l’exercice était difficile, mais qu’il y mettait du sien.

-Ça fait un paquet d’années que j’te connais maintenant, gamin. Aussi, je sais très bien que le conseil avisé que j’vais te donner tombera dans l’oreille d’un sourd, mais j’vais quand même te l’dire : si t’as oublié ton passé, c’est qu’il doit y avoir une bonn’ raison. Alors continue comme ça !

Il y avait longtemps qu’Azur n’attendait plus vraiment que Dorgan lui fournisse quelque réponse que ce soit. Mais aujourd’hui, il était troublé. Même le mécano qui ne faisait pas attention à grand chose pouvait le sentir.

-Vous semblez ne pas comprendre Dorgan. Je vous avais parlé de ces hommes en costume qui semblaient me suivre il y a quelques années. Vous aviez mis cela sur le compte d’une paranoïa chronique. Après l’apparition d’Aria dans ma vie, ces manifestations ont mystérieusement pris fin, tant et si bien que j’ai fini par croire que vous aviez raison.

Et puis, il y a quelques jours, tout a recommencé. Au moment où nous parlons, deux hommes sont en train de faire le pied de grue devant votre atelier. Ils nous suivent depuis que nous sommes arrivés sur la place.

Et, il y a le rêve ! Ce rêve récurrent ne peut pas être vide de sens ! J’y suis seul, et j’avance dans un monde hermétiquement obscur. Il y a ces formes qui se meuvent à côté de moi, mais elles sont indistinctes. Dans la pénombre, je n’aperçois que quelques silhouettes noires qui se détachent à peine des contrastes de gris ambiant. Soudain, sortie de nulle part, une faible lumière me prend la main. Il s’agit d’une petite fille ; Aria je pense. Elle brille si intensément que c’en est aveuglant dans ces ténèbres, si bien que je n’arrive pas à voir son visage. Elle projette sur toute chose un éclairage neuf, qui étire d’avantage les ombres, ce qui m’empêche de distinguer autre chose que ma route. Mais elle m’apaise. Généralement, le rêve s’achève alors que nous continuons notre progression en direction d’une lumière qui se profile sur l’horizon.

« Hier pourtant, le rêve a continué. Et j’ai vu émerger des ombres des silhouettes familières, hostiles, et inaccessibles. Puis il y a eu cette fracture. Quelque chose de prodigieusement violent, qui me brûlait intensément. Et les ombres ont tenté de dérober la lumière. C’est alors que je me suis réveillé.

« J’ai le sentiment que les ombres sont ce pan de mémoire auquel je n’ai plus accès ; cette sorte d’amnésie lancinante. Et quelque chose de primordial va se produire. Je crains que nous n’ayons plus tant de temps que cela pour discuter vous et moi Dorgan. J’ignore réellement pourquoi, mais je ressens un danger imminent.

Dorgan ne disait rien. Azur haussa les épaules. Lorsqu’il fit mine de partir, le mécano tendit vers lui un bras noueux et le saisit. Son regard avait une intensité peu coutumière :

-Gamin, plus un objet se trouve proche de la lumière, et plus son ombre grandit.

Azur était mal-à-l’aise, mais savait qu’il ne tirerait rien de plus du vieux mécanicien. Il attrapa la main d’Aria.

Au moment où ils franchirent la porte de la boutique, Azur entendit distinctement :

-Tu peux pas t’permettre de mourir gamin. Tu dois vivre, toi. Il le faut.

mardi 7 juin 2011

J'ai oublié ce dont je voulais vous parler

Donc on va vous refiler le lien vers mon SoundCloud en attendant que ça me revienne.

Non, parce qu'entre le déménagement, les études, la recherche de boulot, et tout le reste, en ce moment, je n'ai pas une seconde à moi ! Mais ça va venir, je vous rassure (ou pas, j'imagine que depuis le temps, mon inconstance vous lasse).

À très vite mes chers petits amis !

Vous étiez au moins...